Oui, c'est elle. Je la trouve magnifique, je l'aime déjà !

C'est complètement fou, je n'y crois pas... J'ai un mini-nous dans mon ventre. Le truc impossible, improbable, impensable avec le diagnostique du mois de décembre...

J'ai eu un appel ce matin vers 8h pour me dire qu'un blastocyste avait été obtenu. Quatre embryons ont arrêté leur développement (pourquoi, pourquoi, pourquoiiiii bouuuhhhouuu) et pour le dernier, ils devaient encore voir comment il évoluerait. On me dit de boire un demi litre d'eau avant de se rendre au centre pour faciliter le transfert. On a rendez-vous à 10h30.

On y est à 10h10... On prend le temps d'aller boire un petit café pour lui, une grande tisane pour moi au bistro du coin. On arrive à l'heure et on attend. Encore. Moi j'ai la vessie pleine, j'en peux déjà plus, trop envie d'aller me soulager...!

Enfin on nous appelle ! La biologiste nous emmène vers un petit local où nous accueille la gynéco. C'est celle de la biopsie. Elle est cool, elle doit avoir notre âge. La biologiste commence par nous montrer les photos de ma petite graine, c'est là que je demande un peu bêtement si je peux prendre la photo... Et elle nous annonce que le dernier embryon n'a pas évolué... Je suis déçue et en même temps, je me dis qu'on a déjà réussi à en avoir un et qui plus est, au stade de blastocyste !! On peut pas tout avoir dans la vie hein !

Je mets mes pieds dans les étriers. Je demande à la gynéco pourquoi il fallait boire autant d'eau avant de venir. Elle m'explique que c'est pour mieux voir l'utérus à l'échographie.

Je lui dis en plaisantant, que j'ai vraiment envie de faire pipi là, j'espère que ça va aller ! Elle me dit qu'elle vient de changer de pantalon justement parce qu'une patiente lui avait fait pipi dessus... J'ai envie d'éclater de rire (je me retiens), j'ai une pensée compatissante pour la pauvre femme qui n'a pas pu se retenir et je me dis que ça aurait pu être moi alors j'essaye de ne plus trop penser à ma vessie. Surtout que le moment tant attendu arrive.

Elle me met du gel sur le ventre et avec la sonde, elle regarde sur l'écran ce qui s'y passe. Elle me demande si j'ai mal au ventre, si je dois déboutonner mon jean quand je marche, de respirer fort,... Je lui réponds que ça va niveau douleur, ça tire encore un peu mais c'est supportable, oui je rentre plus trop dans mes jeans,... Et là elle m'annonce que je suis en train de faire une légère hyperstimulation ! 

L'info me coupe mon envie de pisser ! J'espère qu'elle va pas reporter le transfert... Non, me dit-elle, c'est pas trop grave, il faudra juste surveiller dans les prochains jours. Oufff !

Elle donne le feu vert à sa collègue du labo qui rapporte le cathéter avec son précieux contenu. A ce moment, j'arrive à me détendre et je me dis que c'est peut-être le moment le plus crucial de ma vie. A l'aide de l'écran, on observe un petit point blanc déposé dans mon utérus... c'est magique. Et j'y crois, fort fort fort !

"Voilà, il est mis, vous pouvez vous rhabiller !" Euh... déjà..?! Ohhh nonnn ! Mais il va pas tomber là ?? Je peux pas rester encore un peu dans votre cabinet ?? Vous êtes sûre sûre sûre ??! Et si je fais pipi ? Ou que je pousse pendant les selles ? (oui j'ai osé poser cette question) Et j'ai le droit de bouger ? Il vaut mieux que je reste allongée non ??! Vous êtes vraiment sûre ?!

"Ne vous inquiétez pas... Ce ne sont pas les mêmes muscles qui travaillent pendant les selles... Et pour l'urine non plus. Votre col est fermé ! Vivez normalement."

Elle est marrante, allez vivre normalement quand vous savez que le petit embryon tant espéré vient d'être placé dans votre ventre... En plaisantant, elle nous souhaite de pas nous revoir. J'espère que son souhait se réalisera.

Avant de partir, on s'installe quand même quelques minutes sur les fauteuils confortables de la salle d'attente, on sait jamais peut-être qu'il vaut mieux ne pas trop marcher encore ! Je réalise que notre tout petit embryon fait de nous deux est dans mon ventre et je pleure comme une madeleine... Mon chéri attendri se marre un peu quand même de me voir changer d'état d'une seconde à l'autre.

Et puis l'envie d'uriner reprend le dessus mais non, je n'irais pas tout de suite aux WC !! Notre mini-nous risque de glisser et de se noyer dans la cuvette ! Il n'en est pas question ! J'irais tranquillement à la maison...

On finit par partir mais je pense surtout à me retenir de pisser par terre. Je sais pas vous mais quand je dois me retenir de faire pipi, je n'arrive plus à faire quoique ce soit. Ça me demande une telle concentration que je peux à peine parler... Au bout de 100 m, me tordant dans tous les sens, on revient au centre, je balance mon sac et mon manteau par terre et je me rue sur les toilettes de la libération...

Finalement, on est rentré et je suis restée couchée malgré tous les dires de la gynéco une bonne partie de l'après-midi... On ne sait jamais...

RIEN n'est gagné, maintenant que j'ai fait ma partie du boulot, c'est à lui de s'accrocher et de nous montrer qu'il veut faire partie de ce monde.